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5 octobre 2012 5 05 /10 /octobre /2012 12:48
Risque de chute

Bien choisir et entretenir ses équipements de protection individuelle

Pour le travail en hauteur comme pour toute action de sécurité dans le monde du travail, les mesures de protection collective prévalent sur celles de protection individuelle, par exemple par la mise en place de garde-corps sur les chantiers. Reste que pour les travaux temporaires, en complément de la protection collective (on peut toujours se faire éjecter d'une nacelle munie d'un garde-corps) ou quand la protection collective est impossible (chantiers trop complexes), le bon choix d'équipements antichute individuels se pose. Ce dossier vous présente les différents matériels existants composant les équipements antichute, les équipements de positionnement/restriction, de suspension et de récupération, les critères de choix selon le type de travail à sécuriser, et quelques conseils pour bien les entretenir.
Cette protection est essentielle car le travail en hauteur est la cause d'un nombre important d'accidents du travail : plus de 91 300 accidents avec arrêt, 89 décès par chutes avec dénivellation recensés par la Caisse nationale de l'Assurance maladie des travailleurs salariés (CNAMTS) pour l'année 2003, principalement relevés dans le secteur de la construction (travaux sur échafaudage, sur toits fragiles, sur échelles).

Différents systèmes d'équipements pour différents usages

Quatre types de travail nécessitent l'utilisation de systèmes différents :

Le système d'arrêt de chute

Pour un travail en hauteur classique, un système d'arrêt de chute individuel comprend trois composantes majeures qui doivent être mises en place selon des règles très précises afin d'assurer une protection maximale à l'utilisateur travaillant en hauteur :

- Ancrage/ Connecteur d'ancrage
Ancrage : Fait habituellement référence au point d'attache (Ex. :poutre en L, structure d'acier, ligne de vie, etc.).
Connecteur d'ancrage : sert de lien entre le dispositif de raccordement et le point d'ancrage (Ex. :sangle connecteur d'ancrage, connecteur de poutre, boulon en D, crochet d'ancrage, etc.).

Il doit être suffisamment haut afin que le travailleur ne heurte aucun niveau inférieur lors d'une chute : il faut donc faire attention au tirant d'air.

 

Tirant d'air
=
Longueur de la longe ou de l'enrouleur à rappel automatique, et des mousquetons
+
Longueur de l'extension de l'absorbeur d'énergie (lorsque la longe en a un) ou longueur de freinage de l'enrouleur à rappel automatique lors d'une chute
+
Distance entre la fixation du harnais et les pieds du travailleur
+
Distance minimale de sécurité de 1 m

 

Le tirant d'air doit être inférieur à la hauteur entre le point d'ancrage et le sol (ou l'obstacle inférieur le plus proche).

- Harnais de protectionv C'est l'équipement de protection individuelle porté par le travailleur.
Le seul système acceptable pour l'arrêt de chute est le harnais intégral.
Il doit être choisi selon le type de travail à effectuer et l'environnement de travail.

- Dispositif de raccordement individuelv C'est le lien qui rattache le harnais de protection au point d'ancrage ou au connecteur d'ancrage (Ex. : longe avec amortisseur de choc, dispositif d'arrêt de chute, enrouleur à rappel automatique, pince de câble, etc.).
La distance de chute potentielle (tirant d'air – voir plus haut) doit être calculée afin de déterminer le type de connecteur requis.
Le choix du connecteur dépend aussi du type de travail à effectuer et de l'environnement de travail : le travail nécessite-t'il des manipulations fréquentes du connecteur (faut-il un mousqueton à ouverture rapide) ? Faut-il une longe double en Y pour éviter les ruptures de ligne de vie lors des changements de points d'ancrage ? Les points d'ancrage ne sont-ils utilisables qu'avec des mousquetons à large ouverture (barres métalliques de large diamètre par exemple) ?...

Le positionnement/restriction

Un système de positionnement/restriction est utilisé :

  • pour maintenir un travailleur à une position appropriée tout en lui permettant de travailler avec les mains libres dans son environnement de travail à des hauteurs élevées
  • et/ou pour restreindre les mouvements du travailleur afin de lui éviter d'atteindre des endroits où il y aurait des risques de chute.

Ce système est composé de :

  • Ancrage / connecteur d'ancrage
  • Dispositif de protection individuelle (harnais intégral ou ceinture de retenue)
  • Dispositif de raccordement (longe de positionnement, appelée également longe de maintien)
La suspension

Les systèmes de suspension sont fréquemment utilisés dans les entreprises de lavage de fenêtres et de peinture. Ils sont conçus pour permettre l'abaissement et le support du travailleur et permettent un environnement de travail avec les mains libres. Un système de suspension est composé de :

  • Ancrage / connecteur d'ancrage (boulon d'ancrage, trolley, anneau verrouillable, etc.)
  • Dispositif de protection individuelle (harnais intégral)
  • Dispositif de raccordement (longe de sécurité)
  • Dispositif de suspension (siège suspendu)
La récupération

Un système de récupération est essentiellement utilisé pour les espaces confinés lorsqu'un travailleur doit descendre dans un réservoir, trou d'homme, etc., et qu'on doive le remonter en cas d'urgence. Un système de récupération typique se compose de :

  • Ancrage / connecteur d'ancrage (trépied, bossoir)
  • Dispositif de protection individuelle (harnais intégral)
  • Dispositif de raccordement (antichute rétractable/unité de récupération)

Que faire avant de s'équiper ?

Lire les instructions et vérifier le marquage

Toujours lire les instructions et mises en garde que l'on retrouve sur le produit et son emballage avant de faire usage de tout équipement de protection contre les chutes et vérifier les marquages CE EN. Les matériels doivent être conformes aux normes suivantes :


Cravates d'ancrage : EN 795 classe B.
Les anneaux de sangle norme : EN 566.

Connecteurs (mousquetons et crochets) : EN 362 et EN 12275.

Longes antichute à absorbeur d'énergie : EN 355
Systèmes antichute (enrouleurs à rappel automatique) : EN 360.
Cordes d'attache et de sécurité (pour accès par corde, sauvetage, maintien et retenue au travail) : EN 1891 type A et EN 1891 type B.
Longes d'assujettissement de moins de 2 m (ce ne sont pas des longes antichute, servent à empêcher l'accès aux zones dangereuses) : EN 354
Systèmes de maintien au travail (longes de moins de 2 m) : EN 358.
Absorbeurs d'énergie : EN 355.

Antichute pour support d'assurage rigide (coulisseau sur rail, câble) : EN 353-1.
Antichute pour support d'assurage souple (coulisseau sur corde) : EN 353-2.

Harnais antichute : EN 361.
Harnais cuissard de maintien au travail (non adapté pour l'antichute) : EN 813.

Casques : EN 397 avec exigences BEST.

Bloqueurs (pour le sauvetage) : EN 567.
Poignées : norme EN 567.

 

Inspecter son matériel

Tout équipement de protection contre les chutes doit être inspecté avant chaque usage.

Pour le harnais, vérifier notamment :

  • les sangles (problèmes : fibres endommagées, coupures, bords effilochés brûlures, dommages chimiques),
  • les anneaux (problèmes : distorsions, fissures, cassures ou bords inégaux ou acérés, pivotements difficiles),
  • les points d'attache des boucles (problèmes : usure, fibres effilochées ou coupées),
  • la languette et les oeillets (problèmes : usure, oeillets lâches, tordus ou cassés). Aucun trou additionnel ne doit avoir été percé sur les sangles.

Pour les longes, vérifier notamment :

  • les mousquetons (problèmes : distorsion du crochet et de l'oeillet, fissure et corrosion). Le loquet doit toujours prendre appui sans blocage contre le nez du crochet et ne doit comporter aucune distorsion. Le ressort du loquet doit exercer une force suffisante pour fermer solidement le loquet, et le dispositif de verrouillage doit le maintenir barré afin d'éviter tout désengagement accidentel
  • les oeillets (problèmes : bords d'œillets tranchants, distordus ou fissurés),
  • la longe elle-même (problèmes : coupures, ruptures, gonflements ou rétrécissements, changements de couleur, fissures et traces de combustion).
Se former

Tous les travailleurs doivent être formés par une personne compétente sur l'usage adéquat de chacun des produits de protection contre les chutes.

Etudier la réglementation

Le texte de référence dans ce domaine est le décret n°2004-924 du 1er septembre 2004. Ce décret complète, reprend et abroge certaines dispositions du décret du 8 janvier 1965.

Par exemple, auparavant, le décret du 8 janvier 1965 donnait une hauteur minimale précise - 3 mètres – pour définir le risque de chute de hauteur. Dorénavant, dans le décret n°2004-924, cette hauteur minimale n'est plus précisée car le critère de hauteur n'est en effet pas le seul pertinent. En fonction de l'environnement de travail, une chute libre d'une hauteur inférieure à 3 mètres peut avoir des conséquences graves. L'évaluation du risque doit donc déterminer si d'autres facteurs sont à prendre en considération.

Etablir un plan de secours

Minimiser le temps entre l'occurrence d'une chute et l'attention médicale portée au travailleur est d'une importance vitale. Un programme complet de sauvetage doit être établi avant l'usage de l'équipement de protection contre les chutes et des formations régulières à l'application de ce programme, avec exercices pratiques, être dispensées.

Demander conseil

Si vous avez des doutes concernant le choix des produits de protection contre les chutes à utiliser, ou sur la compatibilité des composants les uns avec les autres, ne pas hésiter à demander conseil au distributeur de ces équipements.

Equipements et matériel de protection

Harnais antichute
Le classique ou standard
  • il est équipé de deux ou trois points d'amarrages : dorsal (1) et sternal (1 ou 2). Quand il y a deux points d'amarrages sternaux, on parle aussi de points latéraux.
  • les sangles peuvent être en polyester résistant à l'abrasion, élastiques (en téflon chez Duraflex ou en polyamide chez Flexa) pour mieux s'adapter à chaque morphologie.
  • les bretelles, cuissardes et sangle thoracique sont réglables.
Le harnais-veste :

- le harnais est équipé d'un gilet qui ne joue pas de rôle sécuritaire en plus mais plutôt un rôle pratique grâce à ces multiples poches. Sa maille filet permet de vérifier visuellement le harnais.

Entretien

Après tout accident de chute, il convient de se débarrasser des harnais et de tous les équipements et matériels (mousquetons, cordages) impliqués dans la chute et de les remplacer, car même s'il n'est pas apparent que ces équipements ou appareils aient subi des dégradations, leur structure, leur intégrité, leur résistance ont été touchées. Leur rôle de protection individuelle n'est donc plus garanti.

Réutiliser des équipements et du matériel qui ont déjà « vécu » une chute fait courir un grave danger au travailleur en hauteur. Le petit plus : les sangles en Téflon se salissent moins vite car elles repoussent l'eau, l'huile, la graisse et les poussières.

Points d'ancrages : mousquetons, cravates et connecteurs particuliers

Ils servent à relier le système antichute à la structure. Ces points d'ancrage doivent être placés au dessus de l'utilisateur, être facilement accessibles et situés à une distance suffisante de tout obstacle.

Le terme générique est en fait le connecteur qui se définit dans la norme comme "un mécanisme ouvrable qui permet de se relier directement ou indirectement à un point d'ancrage".

Il regroupe l'ensemble des mousquetons et des systèmes d'accrochage utilisés par les grimpeurs et les travailleurs en hauteur.

Les plus répandus restent les mousquetons à vis ou à quart de tour.
Leur résistance varie de 22 à 28 kilonewtons (le poids de deux automobiles intermédiaires ou d'1 m3 de béton !).

Le connecteur Manucroche est un mousqueton à vis particulier en inox qui possède une grande ouverture de 75 mm (gros cordage) alors que les mousquetons classiques ont des ouvertures souvent inférieures à 20 mm.

La cravate d'ancrage ou sangle d'ancrage est un connecteur mobile formé d'une sangle (en polyester ou polyamide) permettant de relier le mousqueton au point d'ancrage. Cette cravate permet de gagner en mobilité et en pouvoir d'absorption de chute.
Le mousqueton peut être vendu directement équipé d'une drisse en corde polyamide (corde anti-chute) lestée à une extrémité : on parle alors de support d'assurage.
Le coulisseau est un type de mousqueton coulissant directement sur la corde et qui se bloque en cas de chute.

Entretien

L'humidité , les substances corrosives, la terre, la poussière, les nombreuses utilisations et l'action du temps sont autant de facteurs d'usure qui touchent principalement le doigt (ressort de fermeture) et le système de verrouillage (vis). Il ne faut pas hésiter à mettre au rebut un mousqueton lorsque le doigt est mou ou qu'il ne "claque" plus après le mousquetonnage, ou quand les vis sont grippées / bloquées. Il convient donc de vérifier régulièrement le mécanisme de verrouillage et le ressort du doigt, de le nettoyer à l'eau en séchant tout de suite ses mousquetons, d'éviter de laisser traîner son matériel dans la poussière ou à l'humidité, de ne jamais frapper un mousqueton, même pour le marquer.

Les systèmes de liaison : longes et enrouleurs

Les longes standards sont constituées simplement d'une corde (réglable ou non), de deux mousquetons, et d'un absorbeur d'énergie (limité) qui réduit la force d'impact en cas de chute.

Les longes extensibles sont équipées d'un absorbeur d'énergie intégré et d'un clip de fixation pour le harnais : elles ne mesurent qu'environ 1 m quand elles sont repliées ce qui minimise le risque de trébuchement et assure un encombrement minimum lorsqu'elles ne sont pas utilisées, par rapport à une longue drisse.

Les longes avec absorbeur ou longes amortisseurs sont équipées d'un élément d'absorption très performant (le plus souvent une sangle polyester) : elles accroissent la distance de décélération au cours d'une chute, réduisant significativement les forces d'arrêt de chute de 65 à 80 pour-cent en dessous du seuil de blessure. La sécurité est ainsi fortement accrue sur les chantiers. Par contre, lorsque l'on fait usage d'une longe avec amortisseur de choc, il est important de comprendre la façon de calculer la distance potentielle de chute (tirant d'air) afin d'éviter d'entrer en contact avec le niveau inférieur.

Les systèmes avec enrouleur sont appelés « systèmes antichute ». Une sangle polyester est enroulée autour de l'enrouleur et se déroule en cas de chute. Ce type de système plus perfectionné arrête la chute en quelques centimètres . Le mousqueton de l'enrouleur peut être directement attaché au point d'amarrage dorsal du harnais et donc se substituer à une longe antichute.

Tous ces équipements peuvent être vendus en kits qui permettent aux professionnels de disposer facilement et en une seule commande d'une sélection d'équipements de protection contre les chutes répondant à leurs besoins : harnais, longes et mousquetons sont livrés dans un kit basique, un kit sac à dos ou un kit sac baluchon, plus pratiques à transporter sur un chantier et protégeant les équipements des salissures et des chocs.

Nouvelle réglementation

Le décret n° 2004-924 du 1er septembre 2004

Le décret n° 2004-924 du 1er septembre 2004 assurant la transposition de la directive européenne 2001/45/CE du 27 juin 2001 introduit dans le Code du travail de nouvelles règles concernant les équipements de travail mis à disposition et utilisés pour les travaux temporaires en hauteur en y créant nouvelle sous-section 6.

Les nouveaux articles R. 233-13-20 à R. 233-13-37

Les nouveaux articles R. 233-13-20 à R. 233-13-37 décrivent les prescriptions minimales de sécurité et de santé pour l'utilisation d'équipements de travail.
Ce décret abroge les dispositions correspondantes du décret n° 65-48 du 8 janvier 1965 modifié applicables aux travaux du bâtiment, aux travaux publics et autres travaux sur les immeubles et modifie l'article R. 231-38 du Code du travail en prévoyant une formation à la sécurité pour les travaux sur les échafaudages et à la corde.

L'article R. 233-13-20 précise que l'exécution des travaux en hauteur doit s'effectuer en priorité à partir d'un plan de travail conçu, construit et équipé de manière à garantir la santé et la sécurité des travailleurs, et dans des conditions de travail ergonomiques.

L'article R. 233-13-21 précise que lorsque les travaux temporaires en hauteur ne peuvent s'effectuer à partir du plan de travail, des équipements de travail appropriés sont alors choisis en privilégiant la protection collective, en tenant compte de la nature des travaux et de manière à permettre la circulation en sécurité.

L'article R. 233-13-23 indique que les techniques d'accès et de positionnement au moyen de cordes ne doivent pas être utilisées en tant que postes de travail, sauf en cas d'impossibilité technique de recourir à un équipement de protection collective ou lorsque l'évaluation du risque établit que l'installation d'équipement de protection collective créerait un risque plus grand.

Chaque travailleur doit disposer d'au moins une corde de travail, équipée d'un mécanisme de descente et de remontée et d'un système auto-bloquant, d'une corde de sécurité équipée d'un système d'arrêt de chute, d'un harnais d'anti-chute et d'outils et accessoires attachés par des moyens appropriés (article R. 233-13-37).

Les cordes sont ancrées séparément en des points ayant fait l'objet d'une note de calcul par le chef d'établissement ou une personne compétente. La programmation du travail doit permettre l'intervention rapide des secours.

Les travailleurs doivent recevoir une formation adéquate et spécifique aux opérations envisagées et aux procédures de sauvetage, renouvelée si nécessaire.

Le recours à une seule corde peut être autorisé dans certaines circonstances qui seront définies par arrêté, lorsque l'évaluation du risque montre que l'utilisation d'une deuxième corde rendrait le travail plus dangereux.

La circulaire du ministère du travail DRT 2005/08 du 27 juin 2005

La circulaire du ministère du travail DRT 2005/08 du 27 juin 2005 (non publiée) précise l'ensemble des dispositions du décret. Dans la première partie de cette circulaire, le décret du 1er septembre 2004 est relié aux dispositions existantes du Code du travail concernant le travail en hauteur, temporaire ou non, et aux dispositions du décret du 8 janvier 1965 modifié visant les travaux du bâtiment et les travaux publics. Dans sa 2e partie, la circulaire commente à l'aide d'exemples chacune des dispositions du décret, en définissant les termes employés et en indiquant les normes applicables à certains équipements de travail utilisés pour le travail en hauteur. La circulaire définit le plan de travail comme étant une surface, sensiblement plane et horizontale, sur laquelle prennent place des travailleurs pour exécuter un travail.

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commentaires

C
Merci pour l'ensemble de ses informations ! Article clair et complet qu'il est important de prendre en compte pour la sécurité au travail !
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