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20 février 2013 3 20 /02 /février /2013 10:59

- Philippe Guffroy comparaît à deux titres pour un grave accident du travail, le 22 octobre 2009. En qualité de gérant mais aussi en tant que représentant moral de la société de fabrication de palettes en bois, à Violaines.

C'est une entreprise familiale, créée en 1966, qui produit 5 000 palettes par jour. Le fils a pris la relève. Il est à la tête d'un effectif composé de salariés polyvalents. Chacun peut être amené à prêter main forte à son collègue. Dans le cadre d'une opération de maintenance, un employé, chargé d'enlever la sciure dans une machine, a été sérieusement blessé au cours de la manoeuvre. La manche de son pull s'est prise dans les lames qui continuaient de tourner. Neuf mois d'interruption temporaire de travail ont été délivrés par le médecin légiste. Depuis, le salarié n'a toujours pas repris son activité.

Des négligences
Les représentants de l'inspection du travail ont rapidement remarqué des imperfections dans le fonctionnement de l'entreprise. D'ailleurs, bien avant l'accident, de nombreux courriers avaient notifié à la direction de la société les dispositions à prendre pour la sécurité des salariés : formation, équipement adapté (gants, chaussure de sécurité...), affichage spécifiant les particularités de l'engin, etc. Le matériel n'avait subi aucune transformation depuis son installation en 1987. Le rapport dresse ainsi une liste de négligences à corriger, en vain. En 2008, un avertissement a été adressé au gérant pour l'inciter à faire des efforts sur la formation. Il devait également se soumettre à une obligation de prendre des dispositions pour assurer la sécurité des salariés. Par ailleurs, le salarié blessé n'avait pas les qualifications pour travailler sur la machine, mal équipée en système d'arrêt d'urgence.
Philippe Guffroy n'accepte pas les griefs qui lui sont reprochés, et accuse le salarié de mentir sur le rôle que l'entreprise lui a attribué. L'avocat de la partie civile déplore le peu d'égard du représentant de l'entreprise pour les valeurs humaines. « La sécurité a été sacrifiée sur l'autel de la rentabilité ». Le salarié a subi plusieurs opérations et les doigts de sa main ne sont toujours pas fonctionnels, malgré des soins prodigués durant trois mois d'hospitalisation et huit mois en hôpital de jour. La partie civile réclame 3 500 euros de provision, dans l'attente de pouvoir chiffrer de manière précise les dommages et intérêts. Le procureur réclame deux amendes de 7 500 et 4 000 euros. La première adressée à la personne morale de l'entreprise, la seconde à son représentant.
L'avocate de la défense plaide pour une « entreprise normale » et dénonce les exigences non justifiées par l'inspection du travail, car l'administration ne prendrait pas suffisamment en considération la réalité du terrain. « L'entreprise Guffroy, ce n'est pas Zola, lance la défense. Un ouvrier polyvalent, c'est un gars qui ne sait rien faire ». Le chef d'entreprise doit adapter le travail à exécuter en fonction des aptitudes de ses employés, explique la défense. « Les salariés ne sont pas polyvalents, mais interchangeables », nuance l'avocate, qui dénonce avec véhémence la version du salarié quant au fonctionnement de la société : « Il a menti ! » Le tribunal a décidé de s'accorder un délai de réflexion avant de prononcer son jugement, qui sera rendu le 28 février.

« La sécurité a été sacrifiée sur l'autel de la rentabilité ».

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