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21 mars 2012 3 21 /03 /mars /2012 20:31

À Dijon, le 18 novembre 2008, un ouvrier se tranche deux doigts avec une scie qu’il n’aurait pas dû utiliser. Controverse à la barre.

Le contenu des deux audiences matinales était écrit par avance tant les mêmes personnages, les mêmes faits et les mêmes discussions techniques étaient prévisibles.

Les affaires d’accident du travail finissent hélas toutes par se ressembler. Celles traitées hier ne dérogeaient pas à la règle du mimétisme.

La première voit s’avancer à la barre un P-dg encore bien alerte pour ses 88 ans. On lui reproche la mise à disposition d’un outil non conforme, en l’occurrence une scie de table, laquelle a entraîné le 18 novembre 2008 la section de deux doigts d’un ouvrier.

Comme d’habitude, le paradoxe s’impose d’emblée entre l’attitude timide et timorée de la victime et la prestance mature, voire suffisante, du P-dg. Le fossé est déjà là. Bien creusé. Comme d’habitude, les grandes théories administratives et protectrices vont se heurter aux pratiques humaines et concrètes du monde du travail et du terrain. Et de sa rentabilité. Car c’est là que s’insinue bien la fracture.

« Bien sûr que j’ai ôté la protection de la scie, dira la victime, sinon, je n’aurais pas pu couper les rouleaux. L’autre scie était en panne. C’est mon contremaître qui me l’a autorisé. Il fallait continuer la production à tout prix. J’ai obéi. »

Une absence remarquée

Étrangement, le grand absent sera ce directeur du site. Au centre des débats, mais absent car muté. Sa présence eut pourtant été fort constructive. D’autant que l’inspection du travail remet en cause sa véritable délégation d’ordre, car établie postérieurement à l’accident.

Le P-dg arguera « qu’il emploie 60 employés et qu’il ne peut s’occuper lui-même des problèmes de scies ».

« Bien au contraire, lui rétorquera la procureure Fortesa. C’est trop facile ! C’est vous le pénalement responsable, et vous seul. » Comme à l’accoutumée dans ce type de dossier, la défense de M e Duchanoy s’axera sur l’émargement des consignes par la victime, réfutera le consentement qu’il aurait reçu pour poursuivre le travail. « Il aurait pu et du le refuser ». Il ne jugera également pas utile qu’une formation fut nécessaire au sein de l’entreprise pour effectuer ce genre de travail.

Le jugement a été mis en délibéré au 20 avril prochain.

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